Les données scientifiques suggèrent que les soins de thérapie manuelle (ex. manipulations vertébrales, mobilisations articulaires) sont efficaces dans le cadre de la prise en charge de certains troubles musculosquelettiques (ex. lombalgies et cervicalgies communes) [1-8]. Cependant, tout acte de soin présente un risque d'effet indésirable. Un professionnel de santé, habilité à recevoir un patient en première intention, doit être capable d’évaluer le risque d'effet indésirable des traitements à sa disposition afin de proposer un traitement dont le rapport bénéfices-risques est favorable pour le patient.
Les effets indésirables associés aux traitements de thérapie manuelle sont généralement bénins et transitoires (ex. courbatures, raideurs, maux de tête), disparaissant habituellement dans les 24 heures après la consultation [9]. Par ailleurs, il faut noter qu'une part non négligeable des effets indésirables bénins décrits à la suite de ce type de soins ne semble pas due spécifiquement à ces derniers, mais à d’autres facteurs (ex. évolution naturelle de la pathologie, effet nocébo) [10]. La présence d'effets indésirables bénins ne semble pas diminuer pas l'efficacité du traitement [11].
Les effets indésirables plus sérieux sont rares. Des cas de fractures et de troubles neurologiques transitoires ou, de manière plus exceptionnelle, permanents ont été rapportés après des traitements de thérapie manuelle [9]. Par exemple, des cas d'accident vasculaire cérébral (AVC) ont été signalés après des traitements de la région cervicale. Néanmoins, les données scientifiques ne montrent pas de relation de cause à effet entre une prise en charge en thérapie manuelle et un AVC [12]. Ces effets indésirables sérieux pourraient résulter de pathologies préexistantes (ex. fragilité de la structure osseuse, lésion des artères cervicales) [12]. Il est donc essentiel que les professionnels de santé, y compris dans le domaine de la thérapie manuelle, effectuent une anamnèse rigoureuse, à la recherche d’éléments pouvant faire suspecter la présence d'une situation clinique d'urgence, mais également un ou plusieurs facteur(s) de risque d’effets indésirables à un traitement de thérapie manuelle.
En France, selon l'Article L.1111-4 de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé : « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment ». Ainsi, il est attendu des chiropracteurs - comme de tout autre professionnel du champ de la santé - qu’ils recueillent le consentement des patients pris en charge [Décret n° 2011-32 du 7 janvier 2011].
Dans le cadre d’une prise en charge centrée sur le patient, le professionnel de santé doit évaluer le rapport bénéfices-risques des soins qu’il propose et l’expliquer au patient. C’est à l’issue de ces explications et des éventuelles questions du patient que ce dernier pourra consentir ou non aux soins proposés.
Si vous avez des questions, contactez-nous (secretariat@sofec.org).
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Références
1. Rubinstein SM, de Zoete A, van Middelkoop M, Assendelft WJJ, de Boer MR, van Tulder MW: Benefits and harms of spinal manipulative therapy for the treatment of chronic low back pain: systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials. BMJ 2019, 364:l689.
2. Cote P, Wong JJ, Sutton D, Shearer HM, Mior S, Randhawa K, Ameis A, Carroll LJ, Nordin M, Yu H et al: Management of neck pain and associated disorders: A clinical practice guideline from the Ontario Protocol for Traffic Injury Management (OPTIMa) Collaboration. Eur Spine J 2016, 25(7):2000-2022.
3. Cote P, Yu H, Shearer HM, Randhawa K, Wong JJ, Mior S, Ameis A, Carroll LJ, Nordin M, Varatharajan S et al: Non-pharmacological management of persistent headaches associated with neck pain: A clinical practice guideline from the Ontario protocol for traffic injury management (OPTIMa) collaboration. Eur J Pain 2019, 23(6):1051-1070.
4. Coulter ID, Crawford C, Hurwitz EL, Vernon H, Khorsan R, Suttorp Booth M, Herman PM: Manipulation and mobilization for treating chronic low back pain: a systematic review and meta-analysis. Spine J 2018, 18(5):866-879.
5. Gross A, Langevin P, Burnie SJ, Bedard-Brochu MS, Empey B, Dugas E, Faber-Dobrescu M, Andres C, Graham N, Goldsmith CH et al: Manipulation and mobilisation for neck pain contrasted against an inactive control or another active treatment. Cochrane Database Syst Rev 2015(9):CD004249.
6. Paige NM, Miake-Lye IM, Booth MS, Beroes JM, Mardian AS, Dougherty P, Branson R, Tang B, Morton SC, Shekelle PG: Association of Spinal Manipulative Therapy With Clinical Benefit and Harm for Acute Low Back Pain: Systematic Review and Meta-analysis. JAMA 2017, 317(14):1451-1460.
7. Wong JJ, Cote P, Sutton DA, Randhawa K, Yu H, Varatharajan S, Goldgrub R, Nordin M, Gross DP, Shearer HM et al: Clinical practice guidelines for the noninvasive management of low back pain: A systematic review by the Ontario Protocol for Traffic Injury Management (OPTIMa) Collaboration. Eur J Pain 2017, 21(2):201-216.
8. Bussieres A, Cancelliere C, Ammendolia C, Comer CM, Zoubi FA, Chatillon CE, Chernish G, Cox JM, Gliedt JA, Haskett D et al: Non-Surgical Interventions for Lumbar Spinal Stenosis Leading To Neurogenic Claudication: A Clinical Practice Guideline. J Pain 2021, 22(9):1015-1039.
9. Swait G, Finch R: What are the risks of manual treatment of the spine? A scoping review for clinicians. Chiropr Man Therap 2017, 25:37.
10. Walker BF, Hebert JJ, Stomski NJ, Clarke BR, Bowden RS, Losco B, French SD: Outcomes of usual chiropractic. The OUCH randomized controlled trial of adverse events. Spine (Phila Pa 1976)2013, 38(20):1723-1729.
11. Tabell V, Tarkka IM, Holm LW, Skillgate E: Do adverse events after manual therapy for back and/or neck pain have an impact on the chance to recover? A cohort study. Chiropr Man Therap 2019, 27:27.
12. Cassidy JD, Boyle E, Cote P, He Y, Hogg-Johnson S, Silver FL, Bondy SJ: Risk of vertebrobasilar stroke and chiropractic care: results of a population-based case-control and case-crossover study. Spine (Phila Pa 1976) 2008, 33(4 Suppl):S176-183.
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